HAILÉ SÉLASSIÉ Ier

HAILÉ SÉLASSIÉ Ier
HAILÉ SÉLASSIÉ Ier

HAILÉ ou HAÏLÉ SÉLASSIÉ Ier (1892-1975) empereur d’Éthiopie (1930-1936 et 1941-1974)

Descendant, selon les légendes, de la reine de Saba et du roi Salomon, dont il est le deux cent vingt-cinquième successeur, l’empereur d’Éthiopie Hailé Sélassié Ier (ou Haïla Sellassié) est à la tête de la plus ancienne dynastie du monde. Son titre complet est négus nigesti («roi des rois»), lion de Juda, défenseur de la foi chrétienne, force de la Trinité, élu de Dieu. Fils du ras Makonnen, il a reçu pour nom à sa naissance celui de ras Tafarí Makonnen (Tafarí: Celui qui est redouté); il est, en outre, le neveu de l’empereur Ménélik II, qui, au cours de son règne, commencé en 1889 et achevé à sa mort en 1913, accomplit les premiers pas vers la création d’un État unifié et moderne.

Très tôt, le futur empereur s’initie aux responsabilités du pouvoir. Il a treize ans, en 1905, lorsque son oncle lui confie le gouvernement de la province du Gura Muleta. Sa volonté de fer, sa passion pour l’étude (il a été élève des missionnaires français) l’aident à surmonter les limites qu’impose une santé précaire et à venir à bout des difficultés que lui suscite son cousin Lij Yassou; celui-ci, héritier présomptif, complote avec l’Allemagne contre le pouvoir central; mais il est bientôt écarté: en septembre 1916, c’est le ras Tafarí qui devient prince héritier. Il aide l’impératrice Zaouditou, sa tante, à administrer le pays (qu’on appelait alors plutôt l’Abyssinie), passablement arriéré. Considérant que «l’Éthiopie a reçu l’évangile du Christ en même temps que les nations d’Occident», le prince héritier plaide à Genève, en 1923, la cause de son pays. Il y déclare que, «si les hasards de la géographie et de l’histoire l’ont isolé du monde occidental pendant des siècles, il est cependant sensible à ses valeurs et entend remplir les mêmes devoirs à l’égard de la communauté internationale». Il obtient ainsi l’admission de l’Éthiopie à la Société des Nations et décide d’y abolir l’esclavage.

Proclamé négus, en octobre 1928, sous le nom de Hailé Sélassié (force de la Trinité), il est couronné empereur à la mort de l’impératrice, le 2 novembre 1930, date devenue, depuis lors, jour de fête nationale. Il donne peu après au pays sa première Constitution écrite; cette modernisation des institutions s’effectue toutefois avec prudence. Il n’hésite pas à solliciter, au fil des années, l’appui technique et financier de l’étranger. C’est ainsi qu’il confie la magistrature, la police et les douanes aux experts britanniques, l’entraînement de son armée aux conseillers belges et suédois, et fait appel aux Américains, aux Russes, aux Néerlandais et aux Allemands pour développer l’agriculture et l’industrie naissante.

Lorsqu’en octobre 1935 le gouvernement de Mussolini décide d’envahir l’Éthiopie à partir de l’Érythrée et de la Somalie, l’empereur oppose une héroïque résistance à la tête de ses troupes. Mais il est desservi par un armement inférieur et la collaboration de certains seigneurs avec les Italiens. Il décide alors, en accord avec le Conseil des ministres et après avoir nommé un vice-roi (le ras Imrou), de s’expatrier; en mai 1936, il se retire à Bath, en Grande-Bretagne. La même année, le 28 juin, il lance le fameux appel à la sécurité collective depuis la tribune de la S.D.N. à Genève, appel qui ne sera pas entendu (les sanctions contre l’Italie seront levées). Il entreprend quelques années plus tard la libération de l’Éthiopie: après avoir rallié les Éthiopiens réfugiés au Kenya et au Soudan, il vient à Khartoum en juillet 1940 (l’Italie vient de déclarer la guerre aux Alliés) et assure la liaison entre ses troupes et l’armée anglaise; le 5 mai 1941, il fait une entrée triomphale dans sa capitale libérée par les brigades anglo-indiennes avec l’appui des Forces françaises libres.

Dans son pays recouvré, Hailé Sélassié trouve tout à reconstruire, alors que l’élite éthiopienne a été décimée par l’occupation. Poursuivant inlassablement la mission qu’il s’était assignée alors qu’il était jeune prince, il entreprend de nombreux voyages à l’étranger. Devenu la figure de proue des pays opprimés, puis du Tiers Monde et de l’Afrique en particulier (l’Organisation de l’unité africaine créée en 1963, sur son initiative, a son siège à Addis-Abeba), Hailé Sélassié travaille sans relâche à parfaire et à affermir l’unité de l’Éthiopie (incorporation de l’Érythrée, consécutive à un vote unanime du Parlement de ce pays en novembre 1962; visées pacifiques sur le Territoire français des Afars et des Issas).

Mais il a encore à faire face à de nombreuses difficultés. Si sa photographie et son nom sont partout dans le pays, si, même aux yeux de ses adversaires, il a conservé un grand prestige, l’empereur doit lutter contre l’aristocratie et le clergé pour leur faire accepter des innovations qui répugnent à leurs habitudes. Il réussit, certes, à centraliser entre ses mains le pouvoir, mais les propriétaires fonciers (dont il est matériellement solidaire) et l’Église restent les principaux obstacles aux initiatives de réforme qu’à son grand âge il pourrait encore décider; en effet encore 90 p. 100 des Éthiopiens sont analphabètes, 75 p. 100 se trouvent exclus des circuits monétaires, des fermiers pressurés cultivent un sixième seulement des terres. La famine qui sévit dans l’hiver 1973-1974 dans les provinces du Wollo et du Tigré est considérée comme «une tache sur la couronne».

Bien que la Constitution prévoie le partage du pouvoir impérial avec le gouvernement et avec une assemblée, le cadre de la vie politique demeure fixé par la tradition: ce sont les grandes familles, notamment celles de la province du Choa, d’où est issue celle de l’empereur, qui fournissent la plupart des titulaires de postes ministériels. L’absence de presse libre et de parti politique rend très difficile l’expression de l’opinion publique; une opposition existe pourtant, qui comprend la jeunesse intellectuelle ainsi que la partie islamisée de la population (le christianisme est religion d’État). Quant à l’unité éthiopienne, elle se trouve menacée par le Front de libération de l’Érythrée, qui dispute depuis 1961 la souveraineté à l’empereur. Celui-ci n’est certes pas prêt de renoncer à cette province du littoral, seule porte dont l’Éthiopie dispose pour ses échanges avec le monde extérieur. En attendant, l’état d’urgence y a été proclamé en octobre 1970 et la population est depuis lors l’objet de sévères mesures de vexation et de répression.

En dépit de toutes ces difficultés, Hailé Sélassié, dont le prestige international restait grand, s’est estimé capable, bien qu’octogénaire, de tenir encore longtemps la barre de son pays. En septembre 1974, après qu’eurent été révélées les responsabilités de la couronne et du gouvernement impérial dans la terrible famine que connaît l’Éthiopie, l’empereur est destitué par des soldats et des sous-officiers; dorénavant la couronne ne participe plus à l’exercice effectif du pouvoir politique; Hailé Sélassié voit même porter contre sa personne de graves accusations (détournement de fonds au bénéfice de la famille impériale). Il meurt le 27 août 1975.

Hailé Sélassié Ier
(Tafari Makonnen, empereur sous le nom de) (1892 - 1975) empereur d'éthiopie à partir de 1930 (régent dès 1917). L'Italie ayant envahi son royaume, il fut détrôné (1935), puis rétabli après l'offensive britannique de 1941. Il oeuvra pour l'unité africaine, mais ne sut pas sortir son pays du sous-développement ni de la division (rébellion de l'érythrée depuis 1962). L'armée le déposa en 1974. Il mourut assassiné.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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